Il existe environ 397 étangs au sein des Territoires de Chalaronne, représentant une superficie totale de 3 900 ha (soit environ 11,4% du territoire).
Les précipitations en Dombes demeurent la seule source d'approvisionnement en eau des étangs mais ne suffisent pourtant pas à les remplir complètement. L'homme a donc construit un système ingénieux pour permettre leur remplissage. Souvent disposés en chapelet ou superposés, les étangs communiquent tous entre eux par un réseau de fossés, se vidant les uns dans les autres, permettant une sorte de recyclage de l'eau : ce sont les « chaînes d'étangs ».
Ce fonctionnement particulier induit un ensemble complexe de droits d'eau ayant évolué durant les siècles, mais restant toujours d'une grande importance.
Quelles que soient sa taille ou ses dimensions, l'étang dombiste est toujours construit selon le même schéma :
Fonctionnement schématique d'un étang de Dombes
(source : www.ifrance.com/etangs/etangsschema.htm)
Ces étangs ont été créés à partir du XIIIe siècle lorsque la Dombes était un grand marécage. Ils sont alors exploités à des fins piscicoles. C'est à cette même époque que naît un système d'exploitation agro-piscicole alternant assec et évolage, tradition encore respectée aujourd'hui en Dombes.
Etang Chalaret en assec (Commune de Bouligneux)
Source : SRTC, 2010
La phase d'évolage consiste en la mise en eau des étangs pendant deux à quatre ans pour la pisciculture. Une vidange annuelle permet la pêche de l'étang d'octobre à mars.
La phase d'assec consiste à assécher l'étang pendant un an pour cultiver des céréales, historiquement l'avoine remplacée actuellement par le maïs.
L'alternance des phases d'assec et d'évolage permet d'une part de limiter le comblement de l'étang par la vase et la végétation et d'entretenir les ouvrages relatifs au fonctionnement de l'étang, et d'autre part de limiter les apports d'engrais grâce à une terre bien fertilisée par la matière organique déposée par l'étang.
La pisciculture extensive caractérisant la Dombes n'est plus une activité rémunératrice comme elle a pu l'être au cours des siècles passés. La filière piscicole dombiste semble notamment menacée par la concurrence étrangère et par la prédation aviaire à laquelle participent les cormorans. Toutefois, elle demeure une pratique qui fonde l'identité de la Dombes.
Aujourd'hui, la production piscicole varie entre 1 500 et 2 000 tonnes par an sur l'ensemble de la Dombes, représentant 21% de la production nationale, soit la première région française productrice de poissons d'étangs. Les principales espèces de poissons élevés sont des cyprinidés (carpe, tanche, gardon, rotengle) et dans une moindre mesure le brochet car les étangs dombistes sont peu profonds, avec une température de l'eau assez élevée et un fond plus ou moins vaseux. La productivité d'un étang peut osciller entre 0 et plus de 700 kg de poissons à l'hectare selon les étangs et les années.
Dans 20% des cas, c'est un agriculteur fermier qui assure l'exploitation de l'étang. Le restant appartient à d'autres propriétaires qui ne vivent généralement pas en Dombes.
Actuellement, l'activité cynégétique supplante l'activité piscicole. Essentiellement privée, elle contribue à un flux financier important mais difficilement quantifiable, qui tend à alimenter une forte pression sur le foncier et à favoriser la remise en eau d'anciens étangs. La chasse constitue donc le troisième revenu de l'étang après la pisciculture et l'agriculture, mais c'est de loin l'activité la plus rentable. Elle contribue également à diminuer la fréquence des assecs puisque les étangs doivent être maintenus plus longtemps en eau pour maintenir le gibier d'eau. Les conséquences sont visibles, notamment en termes d'envasement et de développement facilité d'espèces invasives.